sabato 30 maggio 2009

L’Ascension : « Vous serez mes témoins »


Méditation de frère Alois
L’Ascension : « Vous serez mes témoins »

L’Ascension, vitrail de frère Eric de Taizé

L’ascension de Jésus est un événement qui n’est pas immédiatement accessible à la mentalité d’aujourd’hui. La célébration de l’ascension qui reste la plus présente à mon cœur est celle à laquelle j’ai participé avec deux de mes frères en 2006 à Moscou, présidée par le patriarche Alexis II.

Les Eglises orthodoxes ont maintenu vivante à travers les siècles la célébration des mystères de la foi dans une grande fidélité aux Pères de l’Église. C’est par la prière d’abord, qu’elle soit action liturgique ou mouvement du cœur, que les chrétiens orthodoxes trouvent accès au contenu de la foi : l’incarnation du Christ, sa mort et sa résurrection, son ascension auprès du Père, la présence continuelle de l’Esprit Saint dans l’Eglise. Et c’est dans la contemplation liturgique du mystère de la Sainte Trinité que l’orthodoxie puise le sens de la grandeur de l’être humain, appelé à être transfiguré avec le Christ déjà sur la terre.

Comment comprendre l’événement de l’ascension ? Dans le langage et avec les images qui étaient à sa disposition à l’époque où elle a été rédigée, la Bible raconte que Jésus, quarante jours après sa résurrection, est enlevé au ciel. Ses compagnons, après un temps de communion intense et toute particulière avec lui, doivent accepter de se séparer de lui. Ils se rappellent qu’il le leur avait annoncé clairement : « Il vaut mieux pour vous que je parte. » (Jean 16,7) Pourquoi ? Ainsi l’Esprit Saint viendra, comme une présence qui les habitera : « Vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous. » (Actes 1.8)

Après l’ascension les disciples traversent un moment d’inquiétude, ils sont désorientés. Nous aussi, nous connaissons de tels moments, quand nous nous sentons abandonnés, livrés à nos forces si limitées, dans l’attente de « la force d’en haut ». Celle-ci leur sera donnée le jour de Pentecôte.

Les disciples vont en outre comprendre peu à peu que l’ascension ne concerne pas seulement Jésus, elle a un sens pour eux et pour tous les hommes. En retournant auprès de Dieu, Jésus ouvre pour toute l’humanité un chemin là où il n’y en avait pas. L’ascension de Jésus révèle que son humanité est à jamais en Dieu, et elle constitue alors la promesse renouvelée (déjà contenue dans l’incarnation à Noël) de notre propre participation à la vie de Dieu. C’est avec son corps que Jésus est reçu en Dieu : cette affirmation de l’Evangile, qui dépasse notre entendement, n’est pas une spéculation sur l’au-delà après la mort. Elle montre la dignité infinie aux yeux de Dieu de l’être humain, corps, âme et esprit. Avec Jésus, notre humanité elle aussi est accueillie par Dieu. Notre corps lui-même aura un avenir, il est comme un grain semé qui meurt pour devenir plante. (Voir I Corinthiens 15.36-44)

Au moment de son départ, Jésus dit à ses disciples : « Vous serez mes témoins jusqu’aux confins de la terre. » (Actes 1.8) C’est une demande qu’il leur adresse mais c’est aussi une promesse qu’il leur fait : l’amour qu’il leur a donné les transforme, modifie leur identité profonde ; les premiers chrétiens ont parlé d’une naissance nouvelle. Leur vie est désormais porteuse d’une réalité qui les dépasse, elle est signe de l’amour de Dieu. Désormais, la parole que Jésus leur avait dite se vérifie : « Qui vous écoute m’écoute. » (Luc 10, 16)

Au moment où nous célébrons son retour en Dieu, c’est comme si Jésus nous disait à nous aussi : il vous appartient maintenant de transmettre mon amour jusqu’aux extrémités de la terre, vous continuerez mon œuvre dans le monde, la force de l’Esprit Saint vous mettra debout et vous donnera le courage nécessaire.

Comme les disciples de Jésus, parfois nous devrons aller vers de nouveaux horizons, au loin ou tout proches, pour communiquer l’espérance de l’Évangile. Jésus accomplissait lui-même sa mission dans une grande simplicité et il avait dit à ses disciples : n’emportez rien avec vous (Luc 10.4), partez sans bagages. Avec une même simplicité, nous pouvons aller à la rencontre des autres sans avoir peur. Prenons alors des décisions courageuses pour être des témoins qui rayonnent l’amour de Dieu !

« Vous serez mes témoins » : ces paroles du Christ ressuscité comportent pour nous aujourd’hui un appel à la conversion. Comment pouvons-nous, nous les chrétiens, être témoins du Christ qui a « détruit le mur de séparation » (Ephésiens 2, 14) si nous demeurons divisés entre nous ? C’est ensemble seulement que nous porterons un témoignage crédible.

Au jour de l’ascension, nous prions pour que l’espérance de l’Evangile s’étende à toute l’humanité. Et nous nous appuyons sur la présence, désormais invisible, du Ressuscité, telle qu’il l’a promise par ce dernier mot de l’Évangile de saint Matthieu : « Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin des temps. » (Matthieu 28.20)


Le journal « La Croix » a demandé à frère Alois d’écrire, tout au long de l’année 2008-2009, une méditation pour chaque grande fête chrétienne.
Dernière mise à jour : 21 mai 2009
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